J’étais un auteur jeunesse bénévole

Pendant plus de huit mois, j’ai écrit mensuellement à mon éditeur Bertil Hessel pour demander le versement de l’à-valoir prévu par contrat sur les ventes de Caminar aux Éditions Oskar. Mes courriers s’ils n’étaient pas cérémonieux restaient toujours cordiaux et polis. Je recevais des réponses (quand j’en recevais) toutes aussi cordiales et polies, mais jamais accompagnées du versement.

Caminar, mon roman jeunesse, s’il ne rencontrait pas le succès, recevait un bon accueil, il était même sélectionné pour le prix Chronos 2017.

Bref tout se passait bien, j’étais un auteur jeunesse pas payé mais gentil, j’avais un éditeur jeunesse pas payeur mais courtois.

Mais au fil des jours, j’ai croisé des auteurs édités chez Oskar. Certains payés très en retard, d’autres pas payés du tout et depuis plus longtemps que moi. Le phénomène n’était apparemment qu’un secret de polichinelle et pas restreint à mon humble personne, pourtant malgré le grand nombre d’ouvrages publiés par Oskar Éditions chaque année, il perdurait.

Ici petite pause : pas de généralités ni d’amalgames, on ne met pas tous les éditeurs dans le même panier, on est d’accord.

Alors un jour, j’en ai parlé sur mon site d’auteur (Je suis un auteur jeunesse bénévole). Je ne parlais pas des autres auteurs concernés, je n’exposais que mon cas personnel. Comme je n’ai pas l’habitude d’agir dans l’ombre, j’ai envoyé le lien à Bertil Hessel, mon éditeur jeunesse patron des Éditions Oskar. J’ai aussi utilisé une partie de mon tout petit carnet d’adresses pour inviter les gens à visiter mon site (il n’est pas monétisé, mais l’inflation du nombre de vues a suffi à flatter mon ego).  Il y eut quelques réactions sur des listes de diffusion, sur un réseau social, des échanges de mail. Certains tombaient des nues, d’autres déjà au fait ne s’en étonnaient pas. Rien de bien impressionnant, un tout petit bruit, même pas un minibuzz. L’étourneau que je suis n’avait pas provoqué le branle-bas dans Landerneau.

Et là ! Coup de théâtre ! Le 3 avril, deux petits jours plus tard… enfin !

Un ordre de virement bancaire émanant des Éditions Oskar, celui que j’attendais depuis un an, deux mois et quelques jours. Mon à-valoir !

J’étais payé !

640.78 €

Pour ceux qui tiqueraient sur la somme, ce n’était pas un acompte, pas un premier virement, mais la somme totale des sous que je devais recevoir pour le livre que le lecteur achetait 13.50 €.

(enfin, pas encore des vrais sous, hein ! … seulement le papier qui disait que j’allais les avoir), mais bon, payé quand même ! Presque payé quoi **. Donc presque content.

Et viré.

Dans le même courrier, Bertil Hessel m’avisait que (je cite) …suite à votre demande de paiement (justifiée), ainsi qu’à votre alerte publique sur Internet…  il m’adressait également un document de restitution des droits d’édition de CAMINAR qui mettait fin à notre collaboration au 31 décembre 2017.

(pour les gens pas trop au courant des mécanismes de l’édition « mettre fin à notre collaboration » se traduit par « les stocks restants de L’OUVRAGE seront soldés et vous ne toucherez rien sur cette opération » ou bien « Caminar est mort, c’est bien fait, fallait pas réclamer », comme vous voulez.)

Le livre ne sera plus disponible après le 31/12/2017, si vous l’achetez neuf au prix fort après cette date sur une plateforme quelconque, c’est qu’ils auront eu la flemme de l’envoyer au pilon (et bien entendu, rien ne sera versé à l’auteur sur le prix de cette vente).

Et bah croyez-moi si vous voulez, mais j’ai trouvé ça bien, cette franchise désarmante. Pour la première fois depuis la signature du contrat, c’était limpide, je comprenais enfin où j’avais mis les pieds… enfin le stylo.

Moralité (à l’usage des auteurs en attente de paiement chez Oskar Éditions) :

Réclamer (pas trop fort) c’est bien,
le faire savoir c’est mal.

**Le premier ordre de virement du 3 avril 2017 n’était pas provisionné… Après un nouveau rappel de ma part et un second ordre de virement des Éditions Oskar émanant d’un autre compte, l’à-valoir de mon roman Caminar m’a été payé le 4 mai 2017… 18 mois après la date de parution, 15 mois après la date de paiement stipulé sur le contrat d’édition.

Prochain épisode, l’arrêté des comptes prévu par contrat pour fin juin 2017, s’il m’arrive un jour. A suivre…

Je m’engage à réactualiser la page le jour où Bertil Hessel, responsable des Éditions Oskar me fera parvenir ce fameux document d’arrêté des comptes comme il y est engagé contractuellement . Si vous lisez ces quelques lignes de conclusion, c’est que tel sœur Anne… je ne vois rien venir.

*Illustration : Les Trois frères de Bernard Campan et Didier Bourdon, 1995.

9 réflexions sur “J’étais un auteur jeunesse bénévole

  1. Comme on dit, il vaut mieux être seul que mal accompagné! Pour le moment, tu n’as plus d’éditeur, mais tu n’aurais pas confié tes nouveaux livres à un si mauvais payeur, je suppose. Tu peux envisager un nouveau départ, pour ce livre et pour ceux qui sont en cours d’écriture !
    Bonne chance !
    Amitiés
    Brigitte (et Fernand !)

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  2. Pingback: Je suis un auteur jeunesse bénévole | QUEL UNIVERS ?

  3. Je suis depuis 2 ans dans la même situation pour mon livre Surcouf et les brigands de Saint Malo recensé avec ****sur les sites jeunesse et qui se vend très bien surtout à Saint Malo et sa région. Lettres recommandées sans effet récemment mise en demeure de mon avocate sans réaction non plus. J’engage une procédure judiciaire.

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  4. Bonjour,
    J’ai publié trois livres chez eux et je n’ai reçu qu’un à-valoir
    Un de mes livres a reçu un premier prix en 2018 et a fait parti des 5 meillleurs romans jeunesse du festival polar de Cognac en 2018. Un autre fait partie de la selection du territoire de Belfort de 2020.
    Malgré de nombreux échanges par téléphone et mails (le comble, ils osent dire que mes romans se vendent bien), avec de vaines promesses, j’ai pris le taureau par les cornes.
    Je suis allé voir un avocat avec les contrats, ensuite, sur ses conseils, j’ai contacté un médiateur qui n’a reçu aucune réponse que ce soit par téléphone ou courrier recommandé.
    Bref, cela va se terminer en référé au tribunal car j’estime qu’il est normal que je sois payé pour mes oeuvres. Je ne lâcherai pas l’affaire, et j’invite tout auteur de la même maison d’édition de faire de même ou de me contacter (je suis sur Facebook)
    Amicalement,
    Vincent Faucheux

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  5. Bonjour,
    Mêmes déboires pour moi avec l’illustration de couvertures. La dernière, qui date de 2016 tout de même, n’a jamais été payée. Les autres l’ont été avec difficulté, et avec des arguments délicieux comme « Vous auriez dû nous réclamer le règlement avec plus de virulence ! « …
    Bon courage à tous !
    Nancy Peña

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    • Bonjour.
      J’ai fait appel à un médiateur et nous avons fait une table ronde en novembre dernier.
      M. Hessel s’est engagé à me payer mes à valoirs par mensualités à partir de fin février.
      D’après l’avocat et le médiateur, attaquer l’éditeur au tribunal me reviendra trop cher, selon eux, cela ne vaut pas le coup.
      Donc, si M.Hessel n’honore pas son engagement signé, je ne peux rien faire.
      Sachant que les frais d’avocat et médiation m’ont déjà coûté 800 euros.
      Voilà où en est la justice.
      Les petits auteurs tels que nous n’ont pas beaucoup de moyens.
      A moins de se rassembler.
      L’union fait la force.
      Cordialement.
      Vincent

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  6. Justement, l’union fait la force. Nous sommes un groupe d’auteurs(trices) s’étant adressé à MaÏa Bensimon, avocate de la SGDL et elle a réussi à faire cracher (enfin, crachoter) M Hessel. Il continue ses manigances mais nous ne le lâchons pas. Le service juridique de la SGDL est gratuit. Moi aussi j’ai dépensé de l’argent auprès d’une avocate : 1500€ , elle a réussi à lui faire rendre 1000€ sur les 4000 qu’il me devait.
    Cordialement,
    Janine T.

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  7. Je pense que nous sommes des dizaines d’auteurs à ne pas être payés par Bertil Hessel. J’en fais partie. Depuis 2016, je n’ai plus un seul versement pour mes trois livres ni même aucun relevé des droits d’auteurs qui devraient pourtant être fournis chaque année.
    Mes mails restent sans réponse. J’ai téléphoné et suis tombé sur une secrétaire qui ne peut les joindre que par mail (la bonne blague!)
    Mon seul conseil aux auteurs qui liraient cet article et nos commentaires, c’est de fuir cet éditeur! Quant aux lecteurs, c’est de ne plus acheter ces livres pour lesquels nous ne sommes pas rémunérés.
    Je me pose malgré tout une question : Oskar éditeur paie-t-il ses cotisations à l’Urssaf ? S’il est assez facile de nous gruger, en est-il de même avec cet organisme ?

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